Le Dragon de Calais, animal mécanique colossal qui évolue sur le front de mer rénové de Calais et sa plage de sable fin en arrière plan. ©Fred Collier

L'Histoire riche de Calais à découvrir

Ville récente car gagnée sur les eaux, Calais entre rapidement dans l’histoire. Sa situation géographique, face à l’Angleterre et proche des frontières, en fait une ville et un port convoités. Entre grandes épopées, faits d’histoire et heures sombres, Calais a mené son développement contre vents et marées.

Des origines à la présence anglaise

Sur un territoire gagné sur la mer, Calais s’est rapidement développée. Ville fortifiée avec un port, elle attire de nombreuses convoitises… Au début de la guerre de Cent Ans, l’histoire des Bourgeois de Calais fait entrer la ville dans l’Histoire.

Les Bourgeois de Calais

Le monument des Bourgeois de Calais, œuvre célèbre du sculpteur Auguste Rodin, figure parmi les statues les plus connues de France. Ce massif ensemble de bronze se trouve face à l’Hôtel de ville de Calais. Pour compléter cette visite, le Musée des Beaux-arts de Calais présente un espace sur les travaux préparatoire de Rodin. Cette statue symbolise le dévouement de six notables calaisiens lors du siège de la ville au Moyen-Âge. Au début de la guerre de Cent Ans, la cité fortifiée de Calais était un objectif du roi d’Angleterre Edouard III. Après un siège de 11 mois les anglais s’emparent de Calais en aout 1347. Cet épisode des Bourgeois fait entrer Calais dans les livres d’histoire.

L’histoire des Bourgeois de Calais
Groupe Statutaire d'Auguste Rodin : les Bourgeois de Calais faisant face à l'Hôtel de ville de Calais et son beffroi. ©Nohcab

À l’époque Calais était une ville récente, un territoire gagné sur les eaux. Mais ce Calais des XIe – XIIIe siècle avait déjà beaucoup d’atouts, ceux d’une cité fortifiée avec un port. Le bassin du Paradis reste la partie la plus ancienne du vaste domaine de l’actuel port de Calais. Calais est devenue une ville fortifiée au début du XIIIème siècle. Un puissant château fort et des remparts protégeaient ce qui est aujourd’hui le quartier de Calais-nord, face au port. La Place d’armes était le cœur de la ville médiévale et la Tour du guet faisait partie du système fortifié. Cet édifice est considéré comme le plus ancien de la ville. C’est ce Calais fortifié qui sera assiégé en 1346-1347 pour devenir le Calais anglais entre 1347 et 1558. 

De nécessaires fortifications

Cité convoitée, Calais a rapidement dû se fortifier. Les défenses ont été augmentées au fil des siècles dans une Europe à l’histoire mouvementée. Garnison et murailles en ville, forts pour protéger le port ou l’accès à la ville, les réalisations ont été nombreuses et variées !

Imposants et constitués de nombreuses tours, les remparts de Calais dataient du début XIIIe siècle. On peut en voir des vestiges à la Citadelle, côté Porte de Boulogne. Après le départ des anglais en 1558, le château fort et son quartier cossu se transforment en forteresse militaire. Calais reste une ville convoitée et l’Espagne s’en empare pour une courte période (1596-1598). La Citadelle renforce au fil des siècles son rôle majeur de protectrice du centre de Calais. Depuis les années 1960, c’est un stade et un lieu de promenade paisible, dont le square Vauban du côté de la Porte de Neptune.

La Citadelle de Calais
Vue des fortifications de la Citadelle de Calais, vestige médiéval. ©Nohcab
La Tour du Guet qui trône sur le place d'Armes est un des vestiges médiévaux visibles de Calais. ©Nohcab

Tout comme sa voisine la tour du guet, le puissant clocher de Notre Dame veille sur la Place d’Armes. Au cœur d’un quartier reconstruit après la Seconde Guerre mondiale, ces deux hauteurs sont les témoins de l’intense passé médiéval de Calais. L’église Notre Dame de Calais a considérablement été agrandie durant la période anglaise (1347-1558). Son caractère massif atteste qu’elle pouvait servir de refuge à la population. Dans le même registre préventif, la citerne de fin XVIIème recueillait l’eau de pluie des toitures de Notre-Dame. L’environnement de l’église où s’est déroulé le mariage de Charles de Gaulle est embelli par le jardin Tudor qui rappelle son caractère anglais

L’Église Notre Dame de Calais
L'église Notre Dame de Calais et son clocher central marquant l'influence anglaise dans son architecture. ©Nohcab

Les Forts maritimes

Le Fort Risban est la sentinelle du port de Calais depuis de nombreux siècles. Ce sont les anglais qui ont utilisé un important banc de sable pour petit à petit construire un fort solidement armé. L’objectif de la garnison du Fort Risban était de contrôler l’accès au port de Calais, une mission primordiale. Dans une Europe souvent en conflit pendant des siècles, le port de Calais avait une importance majeure. Le Fort Risban fut le premier d’une série de forts maritimes dédiés à sa protection. Les vestiges du Fort Lapin sont visibles au détour d’une promenade dans les dunes de Blériot-Plage.

La forteresse de l’Ouest

Dans le système de défense de Calais, Le Fort Nieulay avait un rôle bien précis, verrouiller l’ouest de de ville. À l’origine un pont à péage, l’endroit s’est transformé en fortin érigé par les anglais. C’est au XVIIe siècle que l’ingénieur Vauban lui a considérablement donné de l’ampleur et dessiné son architecture actuelle. Il en a fait une forteresse massive… et rare, un fort-écluse permettant la maitrise de l’eau. Il faut se promener autour pour découvrir en grandeur nature le génie de Vauban en matière de place forte.

Photo du Fort Risban et ses contreforts aujourd'hui dans un écrin de verdure. ©Nohcab
Porte du Fort Nieulay, un fort écluse déconstruit et délocalisé par Vauban. ©Nohcab

Le grand tournant du XIXe siècle

Le XIXe siècle est déterminant dans l’histoire locale. Il est synonyme de croissances et d’accélération du rayonnement de la ville. Face à la mer, Calais s’affirmait comme port incontournable pour aller en l’Angleterre. A côté, Saint Pierre vivait au rythme de l’explosion de l’industrie dentellière. Ces réussites se rejoignent pour donner naissance au Calais d’aujourd’hui.

Calais devient un port de passagers

Début XIXe siècle, Calais est depuis plusieurs siècles un port important sur le littoral du Nord de la France. Au port de pêcheurs de l’origine, les anglais ont ajouté le transport de marchandises durant leur présence (1347-1558).

Le Calais portuaire est aussi militaire et corsaire, avec Tom Souville. La Restauration de la Monarchie en 1814, symbolisée par la colonne Louis XVIII amorce une nouvelle ère. L’Empire de Napoléon s’effondre et entraine la détente avec l’Angleterre. Les rotations de navires de passagers entre Calais et Dover montent en puissance : ce sont les prémisses du trafic transmanche actuel. Cette nouvelle activité a renforcé le rôle majeur du port de Calais.

L’histoire maritime de Calais
tom souville calais statue corsaire
fort risban calais panorama port courgain

Saint Pierre, ville de la dentelle

Le XIXe siècle est synonyme de révolution industrielle. Aux portes des remparts de la cité médiévale de Calais et de son port, le village de Saint Pierre s’élargit considérablement. Tout au long du XIXème siècle, le village de 3 000 habitants se métamorphose en ville de 33 000 habitants. La raison en est l’émergence et la croissance rapide de l’industrie de la dentelle. Les constructions prolifèrent : habitations, commerces, édifices publics, ateliers et bien sûr usines de dentelle. L’une d’elle, réhabilitée, propose aux visiteurs les nombreuses collections de la Cité de la Dentelle et de la Mode.

La Dentelle de Calais-Caudry, le luxe de Calais XXL
Tulliste à l'œuvre en train de superviser le fonctionnement d'une machine à tisser la dentelle. ©Fred Collier

Calais et Saint Pierre ne font plus qu’une

Calais la maritime et Saint Pierre la dentellière ont connu un fort développement au XIXe siècle. L’arrivée du chemin de fer, la multiplication des échanges et autres conjonctures engendrent une décision majeure à la fin d’un siècle où les horizons se sont étirés. En 1885, Calais et Saint Pierre unissent leurs forces pour former une seule ville. Au regard de sa longue Histoire, elle prend le nom de Calais. De nouveaux bâtiments publics sont construits, dont le théâtre et surtout l’Hôtel de ville. Considéré parmi les plus beaux de France, il est le symbole de la fusion entre Calais et Saint Pierre.

L’hôtel de ville de Calais
Le Beffroi de l'Hôtel de Ville surplombant le groupe statutaire d'Auguste Rodin : les Bourgeois de Calais. ©Nohcab

Conflits… puis grands projets !

La 1ère moitié du XXe siècle est fortement impactée par les conflits mondiaux. Face à l’Angleterre, Calais a encore et toujours une localisation à enjeu majeur. Les après-guerres sont l’occasion de reconstruction puis de développement. La fin du XXe siècle est marquée par l’ouverture du Tunnel sous la Manche et le désenclavement terrestre de Calais XXL. Les projets se succèdent, dont la mise en valeur de la façade balnéaire et maritime.

Première Guerre Mondiale et entre-deux guerres

Le Calais agrandi et florissant du début XXe siècle héberge une infrastructure moderne de l’époque. Le tout-neuf Bassin Carnot abrite une base de sous-marins. En 1910, l’un d’entre eux, le Pluviose sombre devant Calais. Dès 1914, Calais est ciblée par l’armée allemande. Le front du Nord se stabilise en Flandre et dans l’Artois et Calais devient une vaste base alliée d’arrière-front. Cela vaudra à Calais et son port d’être visés par des bombardements, de dirigeables Zeppelin notamment. Les nationalités des victimes inhumées dans les cimetières militaires de Calais Nord et de Blériot Plage illustrent tristement l’internationalisation de cette base. Dans les années 1920-1930, l’activité économique reprend et connait des soubresauts. Les constructions de l’époque portent aussi ici et là la signature de l’Art déco ou de l’architecte Roger Poyé, dont la Bourse du Travail. 

L’art déco à Calais
Vue panoramique du bassin Carnot à Calais et en arrière-plan les infrastructures portuaires. ©Nohcab
Le Monument Pluviose à Calais érigé en hommage aux disparus du naufrage du sous-marin du même nom en 1910. ©Nohcab

Les ravages de la 2ème guerre mondiale

Le Musée Mémoire 1939-1945 est le lieu incontournable pour tout savoir de la Seconde Guerre Mondiale à Calais. Au terme de 4 jours de combats acharnés (22-26 mai 1940) l’armée allemande s’empare de Calais. Après plus de 4 ans d’Occupation et de bombardements, Calais et ses alentours sont libérés par les troupes canadiennes. Le quartier autour du port est quasiment détruit. La longue reconstruction de la ville commence, avec 2 styles architecturaux différents. De nos jours, sur le littoral de Calais XXL, il reste des vestiges de bunkers du Mur de l’Atlantique érigés par les allemands. Parmi ces forteresses de béton, on trouve la massive batterie Oldenburg.

Le Musée Mémoire 39-45
La batterie allemande Oldenburg sur la zone des Deux Mers sur la partie est de Calais. ©Nohcab

Des projets XXL et des épopées !

Calais la résiliente se relève du désastre du dernier conflit mondial. Le quartier de Calais-Nord change d’aspect architectural. La ville s’élargit et de nouveaux édifices publics font régulièrement leur apparition. Fin du XXème siècle Calais connait 2 grandes épopées qui vont accroitre sa renommée ! La charnière 1980-1990 est marquée par le Chantier du XXe siècle, la construction du Tunnel sous la Manche. De plus, Calais est devenue facilement accessible, relié au réseau TGV et à 2 autoroutes (A16 et A26). En 2000 le club de football local enchaîne les exploits : c’est le premier club amateur à atteindre la finale de la Coupe de France. Dans les années 2010-2020, le port de voyageurs s’étend sur une nouvelle dimension. Quant au front de mer il est rénové pour redonner à Calais son lustre balnéaire. C’est là que le Dragon de Calais vient prendre demeure en 2019. Cette machine titanesque inaugure le début d’un nouveau projet culturel et urbain, celui de la Compagnie du Dragon.

Le Tunnellier Virginie visible à Coquelles en hommage aux bâtisseurs de ce chantier du siècle. ©Nohcab
Le Dragon de Calais, animal mécanique colossal qui évolue sur le front de mer rénové de Calais et sa plage de sable fin en arrière plan. ©Fred Collier
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