Pierre Lavalée, créateur du jardin du beau pays à Marck ©Calais XXL

Rencontre avec Pierre Lavalée, créateur du jardin du Beau Pays

Pierre Lavalée, créateur du jardin du beau pays à Marck

Pouvez-vous nous parler de vous, de votre parcours professionnel, de ce qui vous a inspiré à ouvrir le jardin du Beau-Pays ?

J’ai commencé à jardiner très jeune, une véritable passion qui a commencé vers l’âge de 10-12 ans. Cela m’a été transmis par mon grand-père, avec qui je faisais du potager, et par ma mère, amatrice de plantes, c’est une véritable histoire familiale. J’ai approfondi mes connaissances progressivement, en aménageant les espaces extérieurs. J’ai débuté avec des plantes annuelles, puis suis passé aux arbustes, et ensuite aux ambiances plus variées.

Pouvez-vous nous raconter l’histoire de ce lieu ?

Le jardin remonte à trois générations. J’ai toujours vécu sur la propriété, qui a d’abord été une ferme, initialement dédiée à l’élevage de poules pondeuses, une activité mise en place par mes grands-parents et poursuivie par mes parents. J’ai choisi de me tourner vers le jardinage et les plantes. Nous avons arrêté l’élevage en 2011 et ouvert le jardin au public la même année. Cela m’a permis de réutiliser les bâtiments d’élevage pour aménager les espaces intérieurs et les serres. Depuis 20 ans, je travaille sur ce jardin, en renouvelant et en innovant sans cesse.

Jardin du Beau Pays à Marck ©Nohcab
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Si nous devions faire un résumé de l’évolution du jardin, quelles sont les grandes étapes ?

  • Le jardin a ouvert au public en 2011, soutenu par l’association Parc et Jardins du Nord-Pas-de-Calais.
  • En 2015, il a reçu le label “Jardin Remarquable”, une distinction partagée par seulement six ou sept jardins dans la région.
  • En 2016, nous avons inauguré la serre aux papillons.
  • Entre 2017 et 2018, nous avons créé l’espace désertique. Chaque année, nous nous efforçons de renouveler certaines parties du jardin et de rénover les anciennes. (Par exemple, la partie australienne, commencée en 2012, devrait rouvrir l’année prochaine)

Quels espaces/ambiances pouvons-nous retrouver ?

  • Espace Tropical : Une serre d’environ 600 m² avec des plantes tropicales utiles pour les papillons, comme les nénuphars, le café et la vanille. Elle abrite environ 600 papillons avec des naissances quotidiennes.
  • Espace Désert : Installé dans un ancien poulailler, cet espace est caractérisé par des rochers et des plantes désertiques comme les cactus, les agaves et les yuccas. On termine la visite par une “mine d’or” avec des minéraux.
  • Partie Pépinière : Ici, nous avons une collection pulmonaire. Nous sommes d’ailleurs « collection nationale » avec 85 exemplaires qui est gérée par le conservatoire des collections végétales spécialisées. Nous ne sommes que trois jardins à avoir cette chance dans les Hauts-de-France. Chaque jardin a sa propre collection, et notre objectif est de la préserver et peut-être découvrir une molécule intéressante. Nous faisons des semis, observons et sélectionnons les plantes. Il est possible que nous puissions les utiliser pour créer des parfums.
  • Partie Afrique du Sud : Cette zone présente environ 60 espèces d’aloès, dont l’aloé vera, ainsi que d’autres plantes des Canaries et des plantes grasses.
  • Jardin à l’Anglaise et Jardin Ovale : Le jardin à l’anglaise demande un soin particulier. On connait tous la réputation de ces jardins qui sont d’une beauté irréprochable.
  • Espace Australien : Actuellement en rénovation, il devrait rouvrir prochainement.

Tous les décors, comme les rochers et les petites constructions, sont faits maison. Nous mettons un point d’honneur à rendre le jardin accessible, avec des allées de minimum 1 mètre, adaptées aux poussettes et fauteuils roulants.

Le jardin abrite aussi divers animaux, notamment des papillons, des sphinx et des abeilles.

Quand j’étais jeune, mes parents n’étaient pas toujours favorables à l’idée que j’agrandisse et développe le jardin. Il faut savoir que j’ai commencé avec un tout petit potager. Aujourd’hui, le jardin s’étend sur un hectare et demi !

Y a-t-il des jardins ou des jardiniers célèbres qui vous ont particulièrement influencé ?

Je ne cherche pas à reproduire un style de jardin en particulier. Le jardin est à mon image, avec des espaces dédiés, l’idée est de créer un jardin cohérent, notamment avec des statues en métal et de nombreux cercles, ainsi qu’une harmonie dans les couleurs et des camaïeux.
Mais je dois avouer que l’influence anglaise est peut-être présente, car j’apprécie beaucoup leurs jardins qui sont très beaux et soigneusement entretenus !

On imagine que vous avez certainement des plantes/fleurs que vous appréciées plus que les autres ?

Je suis très fier de la partie tropicale. C’est la zone la plus exigeante du jardin, nécessitant un contrôle permanent de la température et de l’arrosage. C’est un véritable défi de maintenir cet écosystème dans notre climat ! On y trouve un arum titan originaire de Sumatra, l’une des zones les plus chaudes de la planète. Son bulbe est surnommé “fleur cadavre” car il peut percevoir l’odeur de viande avariée à 800 mètres à la ronde et ne fleurit que tous les dix ans. C’est une plante hors-norme car elle peut atteindre 3 mètres de haut et peser jusqu’à 130 kg !

Il y’a également la vanille que j’affectionne beaucoup, une plante courante mais difficile à cultiver. Nous avons aussi un nénuphar géant, un Victoria Longwood Hybrid, dont le diamètre peut atteindre 1m50. C’est une plante délicate, car l’eau doit être chauffée à 29°C.

Serre tropicale au Jardin du Beau Pays à Marck ©Nohcab

Quels sont vos projets pour le jardin ?

Créer ce jardin est déjà à lui seul un projet fou ! Jamais je n’aurais pensé pouvoir vivre de ma passion et créer cet espace qui me ressemble. Actuellement, notre jardin a obtenu le label “Jardin Remarquable”, ce qui est une grande reconnaissance pour tout le travail accompli !
Nous sommes les seuls à avoir une serre aux papillons avec plus de 600 papillons de différentes espèces dans la région. J’ai toujours des projets assez fous que j’aimerais mettre en place mais notre priorité va être de rouvrir les anciennes parties du jardin. Et à long terme pourquoi pas créer une serre australienne ?

Vivre ici, c’est une véritable chance. J’aime beaucoup partager ma passion avec les visiteurs et aller à leur rencontre ou être présent dans le jardin pour échanger.

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Un petit mot de la fin ?

Il faut croire en ses rêves, faire preuve de persévérance et de patience, car la nature est souvent imprévisible !