©Nohcab Calais et l'Angleterre : une longue histoire
C’est notre géographie et notre histoire ! Calais est 30 kilomètres faces aux cotes anglaises. Son histoire a donc souvent été en relation avec la grande bretagne. retour sur des liens et des faits, entre « entente cordiale », réussites et parfois tensions.
Les Bourgeois de Calais
Cette œuvre célèbre rappelle une histoire qui marque le début de la relation singulière entre Calais et l’Angleterre. Les Bourgeois de Calais, cela évoque la Guerre de Cent Ans, au même titre que Jeanne d’Arc, d’Azincourt ou de Crécy.
Rafraichissons nous donc la mémoire…Au début du conflit, les troupes du Roi d’Angleterre Edouard III débutent en 1346 le siège de Calais, place forte entourée de murailles et dotée d’un port. Après 11 mois de siège, les Calaisiens, affamés, demandent à capituler mais Edouard III exige que six notables lui remettent leurs vies et les clés de la ville, en guise de soumission. Six hommes, Eustache de Saint Pierre en tête, se dévouent et partent vers la potence… avant d’être graciés par l’épouse du roi d’Angleterre. Ainsi commençaient 211 ans de présence anglaise, jusqu’en 1558.
Le Monument des Bourgeois de Calais
©Nohcab The Pale of Calais
Les possessions anglaises s’étendaient une vingtaine de kilomètres autour de Calais, un territoire nommé le « Pale of Calais ». En randonnant sur les sentiers à l’ouest de Calais XXL, du côté de Saint-Tricat, Bonningues-les-Calais ou encore Hames-Boucres, on se promène sur ce qui fut pendant 2 siècles un bout d’Angleterre !
A Calais, durant ces deux siècles, les anglais développèrent l’activité du port avec le prospère commerce de la laine et du textile. Le Calais anglais, cité fortifiée, s’articulait dans le triangle port – église Notre Dame – château (de nos jours la citadelle). La place d’armes en était le cœur.
Quelques demeures fastueuses ont disparu au fil des siècles, dont le palais où Henry VIII a accueilli d’autres souverains tels Charles Quint et François Ier.
Le principal témoignage de cette présence anglaise est l’église Notre-Dame, un des rares exemples d’architecture religieuse anglaise sur le continent. Pour rappeler cette influence, l’apaisant et parfumé parc bordant l’église a pris le nom de jardin Tudor.
©Nohcab LE PORT DE CALAIS PREND DE L’IMPORTANCE
La France reprend possession de Calais en 1558, après 211 ans de présence anglaise. Le port a pris une place importante dans un contexte nord-européen où les échanges se multiplient et se diversifient. L’activité maritime se développe mais les tensions entre nations européennes sont récurrentes. Le port de Calais a donc aussi un rôle militaire, et se voit durement impacté par le blocus imposé à l’Angleterre par Napoléon Ier. Conséquence néfaste localement, le port de Calais n’a plus de relations avec les ports anglais… A la chute de l’Empire, un Roi remonte sur le trône de France, C’est Louis XVIII. Il était en exil en Angleterre…et rentre en France via Calais en avril 1814.
©nohcab AU XIXème, LES RELATIONS ECONOMIQUES SE DEVELOPPENT
Après la chute de Napoléon, les relations entre Calais et l’Angleterre reprennent un net virage économique. En 1816, 3 anglais (Clark, Webster et Bonington) débarquent au port de Calais. Ils travaillaient dans l’industrie de la dentelle mécanique à Nottingham. Ils ont emmené avec eux, en pièces détachées et en toute discrétion, un métier à dentelle, en mode contrebandier ! Ce sont les prémisses de la dentelle de Calais, qui va transformer le destin de nombreuses personnes ! Du côté du port, le transport de voyageurs entre Calais et Dover va se développer dans ce début de XIXème siècle. Une autre grande histoire commence, celle du port principal entre le continent européen et la Grande Bretagne. Au fil des décennies, des entreprises en relation avec le marché britannique ou d’origine anglaise vont s’établir à Calais, dont Meccano, le célèbre jouet.
©F. Collier LA FRANCE ET LE ROYAUME-UNI, DES ALLIES
Dès les premiers mois de la Guerre 1914-1918, les allemands ont les ports du Nord parmi ses objectifs : c’est « la course à la mer ». Face à l’Angleterre, Calais est visé, mais les allemands sont maintenus à quelques dizaines de kilomètres.
Calais et ses environs vont devenir une grande base arrière en arrière du front. Les armées belges, françaises et anglaises y sont très présentes. Ravitaillement, hôpitaux, stockage de matériel, le port de Calais est une fourmilière. Des trains partent vers le front, des navires font la liaison avec l’Angleterre, dont les soldats transitent par le port. Protéger cette route maritime primordiale fait partie des missions de la Dover Patrol. Si Calais n’a pas été concernée par les combats terrestres, son rôle de base interalliés n’est pas à négliger.
La citadelle défend Calais lors de l’invasion allemande de mai 1940. Les troupes françaises sont épaulées par un contingent britannique. Leur résistance permet de freiner les allemands dans leur route sur Dunkerque où se prépare l’opération d’évacuation Dynamo. Durant l’Occupation allemande, le ciel du Calaisis sera un champ de bataille permanent entre aviateurs. Le Musée Mémoire de Calais est le témoin de cette sombre époque. Et quand on évoque les relations franco-anglaises, elles sont symbolisées par les liens entre Charles de Gaulle et Winston Churchill durant la Seconde Guerre Mondiale. Une statue dans le Parc Richelieu illustre les deux Grands Hommes.
©nohcab DES RELATIONS DANS UN CONTEXTE MONDIALISE
Dans la 2ème partie du XXème siècle, le trafic de véhicules et passagers entre les ports de Dover et Calais explose ! Il frôlera les 20 millions dans les années 1990….sans compter le trafic absorbé par le grand chantier franco-anglais de période, la construction du Tunnel sous la Manche (1987-1993). Il est inauguré le 6 mai 1994 par la Reine Elisabeth II et le Président François Mitterrand. Si les relations de toutes sortes entre Calais et l’Angleterre restent vives, elles doivent aussi composer avec un nouveau contexte international, entre le sujet mondial de la migration des populations et la sortie du Royaume-Uni (Brexit) de l’Union Européenne.
©Eurotunnel